A long long time ago in a galaxy far far away, à savoir le diocèse de Candes au jour du 11 novembre de l'an 397, saint Martin, évêque de Tours, expira.
Quid de saint Martin, en bref... Fils de soldat devenu soldat bien malgré lui, Martin, originaire de Pannonie, partit défendre la Gaule contre les envahisseurs barbares. En garnison à Amiens, il offrit la moitié de son manteau à un pauvre dévêtu, épisode parmi les plus célèbres de l'hagiographie du futur évêque qui donna naissance au thème iconographique dit de la "Charité de saint Martin". Le schéma traditionnel de ces images, qui se développeront sur la plupart des supports de l'art médiéval, comprend la figure de saint Martin à cheval, coupant un pan de son manteau à l'aide d'une épée pour l'offrir au pauvre hère qui se tient devant lui.
Saint Martin partageant son manteau Bréviaire à l'usage de Paris - Maître de Bedford ; Maître de Boucicaut Paris - vers 1414 Châteroux BM - ms - 0002 / f.404v © IRHT |
Las d'occire du barbare et décidé à vivre en "soldat du Christ", Martin se plaça sous la protection de saint Hilaire de Poitiers, inaugurant ainsi une longue vie de conversion, de lutte contre les hérésies et de miracles en tous genres. Attaqué par des voleurs, il convertit l'un d'entre eux, empoisonné à l’hellébore, il survécut à force prières ; il ressuscita un mort pour lui donner le sacrement du baptême, rendit la vie à un pendu afin qu'il fasse pénitence.
Saint Martin ressuscitant un pendu Vita s.Martini Tours - BM - ms.1018 / f.018v Tours, 3ème quart du XIVe © IRHT |
Saint Martin tombant dans un escalier Vita s.Martini Tours - BM - ms.1018 / f.039v Tours, 3ème quart du XIVe © IRHT |
Devenu évêque, il fit détruire l'autel d'un faux martyr et obligea l'empereur Valentinien à le recevoir à force de jeûne et vêtu simplement de cendres et d'un cilice. Il abattit un pin consacré au diable, sauva un lièvre, exorcisa une vache et déjoua les pièges du démon à maintes reprises. En témoigne cette fort plaisante enluminure représentant le diable disposant soigneusement des cailloux dans l'escalier du palais épiscopal du saint qui choit, donc, inévitablement.
Saint Martin fut à l'origine du monastère de Marmoutier et concentra son action sur la conversion des païens et le destruction des temples et des idoles. C'est à ce tire qu'il est notamment considéré comme l'"apôtre des Gaules".
Simone Martini, Mort de saint Martin Fresque vers. 1312-1317 Assise, église inférieure Saint-François, chapelle Saint-Martin |
Loin des chutes domestiques, saint Martin poursuivit son oeuvre, brillant tout à la foi par son humilité, sa dignité et sa compassion envers les pauvres, les pécheurs et les possédés, ou tout autre malheureux en P.
Mais vint bientôt le jour où sa mort lui fut annoncée alors qu'il séjournait à Candes. Ayant averti ses disciples, il s'allongea sur sa couche, refusant qu'on y plaça un peu de paille, et se tint étendu sur le dos, les yeux et les bras levés vers le ciel. Bravant une dernière fois le diable, il rendit l'âme, emporté par la fièvre à l'âge de 81 ans.
Enlèvement du corps de saint Martin Graduel à l'usage de Saint-Martin de Tours Tours - XIIIe siècle Tours - BM - ms.0193 / f.116v © IRHT |
Mais l'histoire ne s'arrête pas là... car à saint illustre, illustres reliques... Les obsèques du saint eurent lieu à Poitiers où s'éleva une vive altercation entre les Poitevins et les Tourangeaux, chaque diocèse se disputant la possession de la très-sainte dépouille. Grégoire de Tours raconte que le corps du saint était conservé dans une maison protégée par les deux camps et qu'au lendemain des funérailles, les Poitevins furent saisis d'un profond sommeil qui permit aux moines de Tours de s'emparer des reliques, " les uns le descendirent par la fenêtre, d’autres le reçurent au dehors" . Ils chargèrent le col sur frêle esquif et naviguèrent sur la Vienne jusqu'à Tours, tout au long de leur périple, les berges du fleuve se couvrirent d'arbres et de fleurs.
En 1323, le chef de saint Martin sera déposé dans une châsse-reliquaire en forme de buste, désertant celle confectionnée au VIIe siècle par saint Eloi.
Translation du chef de saint Martin De Translatione capiti s. Martini Tours - vers 1340/1350 Tours - BM - ms.1023 / f.101 © IRHT |
Beaucoup d'humour et d'anecdotes méconnues ...dont les cailloux de l'enluminure et l'épopée des reliques ! J'ai passé un bien bon moment!
RépondreSupprimeridem!
RépondreSupprimerj'aime énormement le diable farceur qui lâche de la caillasse sous les arpions du saint homme